Dimanche matin, 9 heures 50, retour de l’ile Maurice à l’aéroport de Gillot . Avant d’accéder à ses bagages, le voyageur, d’où qu’il vienne, doit se soumettre au contrôle d’identité. Jusque là rien d’anormal, obligation formelle nécessaire. Ce jour-là, assis derrière son comptoir vitré, un contrôleur de police s’est montré parfaitement impoli et irrévérencieux à l’égard de deux femmes mauriciennes. L’uniforme conférerait-il aux agents de police des pouvoirs absolus qui leur autoriseraient à mépriser les règles élémentaires de la courtoisie et du respect ?
La plus jeune s’est vu refoulée sur le côté, en attente, car elle avait eu le malheur de raturer un papier. Cette mise à l’écart expéditive n’aura échappé à personne, sachant que le fonctionnaire a usé d’un ton ferme et directif, sans demi-mesure ni tamis de voix. La jeune femme s’est exécutée, tête basse, à l’évidence et c’est bien compréhensible gênée d’un tel traitement.
Derrière elle, sa grand-mère, n’a pas été considérée avec plus d’égard, loin s’en faut. Prenant connaissance de ses papiers, le policier lui jette un regard glacial et lui demande texto : « Qu’est-ce que vous faites là ? » La vieille dame lui répond à voix basse, trop doucement à l’évidence. Il n’en faut pas plus pour que l’agent lui assène un « Hein ? » moribond, disgracieux, impoli à souhait, à l’image de sa personne. « Combien avez-vous d’argent ? », poursuit-il dans son interrogatoire verbalement musclé. La vieille dame répond encore faiblement et le policier demande à voir la monnaie. « Vous croyez peut-être que vous allez pouvoir vivre avec ça ici ? »
Nous sommes, mes confrères de la presse écrite, télévisée locales et moi-même qui revenons du Festival International Kreol de Maurice, étourdis par la scène.
Qui étaient les autres ce jour-là dans la file d’attente ? Des touristes ? Des voyageurs de retour de Maurice en halte à La Réunion ? Quelle image de l’accueil réunionnais auront-ils eu ? Le faux, c’est sûr. Rien à voir avec la chaleur de celui des Réunionnais.
Quel coup de main pour le tourisme local ! Alors que dans la zone, les politiques, quelles que soient leurs obédiences, font force pour prôner le co-développement, le resserrement des liens avec nos voisins géographique et historique, la France, par le biais de ses fonctionnaires, se pose en frein à cette ambition légitime et naturelle. De retour de Maurice ou l’accueil et la qualité du service font la renommée de la destination, cette scène offre l’image d’une Réunion qui se situe à l’opposée de sa soeur.
Oui La Réunion est française mais pas de cette France là, sécuritaire à l’excès, racialement sélective, politiquement méprisante à l’égard de l’étranger.
Stéphanie Longeras
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